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La Vérité est au Milieu. Mais pas trop.

Vendredi 30 septembre 2011 à 12:58

Petites histoires

 "Les vrais écolos, eux, ils se promènent avec une plante en pot dans les bras." Pensa-t-il en regardant passer les mauvais néo-hipppies dans le jardin du Luxembourg. 


Assis sur un banc depuis ce matin 8h34, monsieur attendait madame, à qui il avait donné rendez-vous. Pour faire passer le temps, il regardait les hommes passer, les traitant de cons tout bas, regardait les femmes passer, les traitant de putes tout bas, regardait les asiatiques passer, les traitant de touristes tout bas, regardait les européens passer, les traitant de racistes tout bas. 





Elle était dans le métro et elle maudissait toute la RATP dans son ensemble parce qu'elle était en retard. Elle sentait l'acier et le tabac froid, la poussière et le prolétaire.
En regardant sa montre, elle vit les deux aiguilles pointer à gauche : neuf heures moins le quart.
Elle était en retard de trois quart d'heure
et elle en était encore à Châtelet.




 
"Tiens ! Une canette même pas ouverte !"
S'étonna Jean-Charles qui fouillait dans les poubelles du parc, "C'est dingue, les gens, ils jettent du Coca sans même le boire !.. bah au moins ça me fera de quoi boire !"
Et il ouvrit la canette en s'asseyant sur un banc. Un homme triste était assis sur le même banc, juste à côté, la tête dans les mains. Il sanglotait.

- "Tout va bien monsieur ? demanda Jean-Charles.
- Bof, non... dit l'homme en reniflant bruyamment, ma femme m'a quitté hier soir et regardez, il se passe la même chose sur le banc d'en face : ils s'engueulent... Alors moi je repense à ma femme et ça me rends triste, vous comprenez ?
- Ah ouais je vois... mais ça fait longtemps qu'ils sont là, eux ?
- Pas vraiment, ça doit faire dix minutes...




 
- J'en ai ras le bol de tes retards ! Tu m'emmerde, t'as jamais pu être ponctuelle ! Même quand on veux parler d'Amélie, comme maintenant, ben tu te démerde pour prendre le métro à la bourre ! Non mais on dirait que t'en a carrément rien à foutre !

 
- Chéri, je viens de t'expliquer ces problèmes de métro, je vois pas comment te faire comprendre que voilà, je suis désolée, je me suis pas préparée, et j'ai un peu de retard, écoute chéri, je suis vraiment désolée..."






- Si c'est pas pitoyable : regarde comment elle l'allume, elle dit qu'elle est désolée mais ses yeux disent "ho oui ! fais-moi l'amour !", commentait Jean-Charles en buvant. Il la montrait du doigt de la main qui tenait la canette. Non mais ils savent plus se parler les gens, z'avez vu ça ?
- hmm... elle me disait la même chose, ma femme.
- Oh euh... pardon.
- Pff ça va, on va pas s'excuser non aussi !"
Jean-Charles et l'homme triste riaient de bon coeur.

Un coup de feu se fit entendre et ils s'arrêtèrent tout net.
Madame était debout, un revolver au bout du bras tendu qui venait d'assassiner son futur ex-mari.
- "AH ! TU M'ENGUEULE MOINS ! TU M'ENGUEULE MOINS, LÀ, CONNARD !" Répétait-elle en tremblant. Elle ne bougeait pas et regardait fixement le massacre : La balle, tirée presque à bout portant avait calciné une moitié et arraché l'autre moitié du visage de son homme, tous les membres étaient restés tétanisés en position de protection pendant une seconde puis sont retombés inertes sur le banc, virant au rouge vif. Elle en avait aussi sur sa veste bleue et son pantalon blanc : une giclée de sang franche et racée avait signé le crime sur ses vêtements.






- "Ho Putain y s'est passé quoi, là ? Y s'est passé quoi putain de bordel de merde ! Elle l'a tué, elle vient de le tuer, putain, c'est pas croyable ! Merde, mais qu'est-ce qu'elle a fait, elle l'a tué, bordel !" débita Jean-Charles, stupéfait. L'autre ne disait rien, il regardait fixement le cadavre. Sans rien dire, il se leva et alla vers elle prudemment.

 
- "Qu'est-ce que j'ai fait ? Ho mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ?" Disait-elle tout bas. Elle s'arrêta quand l'homme triste s'approcha.

- "J'ai tout vu. J'ai vu votre différend avec votre mari, je vous ai vu sortir cette arme de votre veste, je vous ai vu tirer de sang froid, croyez-moi, vous savez très bien ce que vous venez de faire."
- Ho mon Dieu, je l'ai tué ! C'est affreux... Ho mon Dieu..." Elle semblait paralysée, répétant inlassablement la même chose.
- " Croyez-moi, je vous comprends, madame. J'ai fait la même chose avec ma femme hier soir."

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