InMedio

La Vérité est au Milieu. Mais pas trop.

Mercredi 29 juin 2011 à 16:00

Lamentations


 Avant, quand on fêtait son anniversaire, on s’amusait tout l’après-midi avec tous les copains de la classe, même les filles.


 On mangeait tous une part du gâteau de maman avec un peu de jus d’orange. Les autres, ils avaient peut-être un peu peur de nos parents, mais quand ils rentraient chez eux à six heures du soir, tout le monde il voulait remettre ça pour l’an prochain.


 Maintenant, seuls les enfants épargnés par un mystérieux phénomène d’accélération temporelle encore assez inexplicable que j’aurais volontiers appelé « culture » si ça avait pas déjà été pris pour une autre définition dans le dictionnaire font encore, tant les malheureux atteints souffrent de toxicomanie infantile / alcoolisme avant l’heure / suivisme débile / dégoût de la simplicité (rayer une éventuelle mention inutile) et ne peuvent par conséquent plus tellement blairer les parents, savourer un jus d’orange sans alcool de pomme de terre scandinave ou arrêter la fête à six heures du soir plutôt qu’à six heures du matin, dans la simplicité anniversariale d’un après-midi entre camarades de classe.

 C’est dire si les vrais enfants encore intègres s’éclatent à des anniversaires-petits-comités pendant que les autres sont au bar alors que demain y’a école !





 Avant, quand on partait en vacances avec la famille, on pouvait s’amuser à compter les voitures « comme nous » et les plaques du département « comme nous ». 


 Il y a récemment eu l’introduction en France de plaques minéralogiques toutes-belles-toutes-nouvelles en plus des anciennes.

 Alors maintenant, on ne s’amuse plus seulement à lire parfois des « PSG 75 » ou des « BMW 44 », peut-être un rare « DTC 69 » qui n’aurait pas eu la présence d’esprit de changer sa plaque, tant le risque de gens morts-de-rire-dans-un-carambolage-sur-la-route-des-vacances devient élevé quand on voit écrit « DTC 69 » à l’arrière et à l’avant d’une voiture, mais aussi des trucs tellement compliqués qu'on voit même plus c'est quel département, là, purée !

 Maintenant, sur les voies zébrant harmonieusement notre belle France, seuls les enfants épargnés par le syndrome dit de la « mouche Ray-Ban » sont, tant les malheureux atteints souffrent de leur myopie / astigmatie / suivisme débile / mauvais goût (rayer une éventuelle mention inutile), dans la capacité de repérer si c’est un alcoolo de Bordelais, un boche d’Alsacien, un séparatiste de Breton, ung putaing de Marseillais, un paumé de Corrézien, une racaille de banlieusard, un beauf de Sarthois, un richard de banlieusard, un chauvin d’Angevin, un indépendantiste de Corse, un parigo-tête-de-veau, un catho de Chouan, un campeur célibataire de Dijonnais ou un chauffard de voleur de voiture sans immatriculation que papa vient tout juste de doubler en faisant un gros excès de vitesse.

 C’est dire si les rares enfants en bonne santé s’éclatent sur la route !

 Alors ils comptent les plaques étrangères, mais y’a rien que des touristes de Hollandais et des cons de Belges, alors du coup c’est moins drôle...

 






 Avant, les enfants du monde entier, sans se soucier de si on faisait pareil dans le pays d’à côté ou pas, jouaient à se taper dessus avec des bâtons pour passer le temps, là, pas méchamment.

 Ils s’inventaient des guerres-pour-jouer et tiraient des balles imaginaires jusqu’à ce qu’ils signent la paix et que le soleil aille voir ailleurs si j’y suis. Ensuite ils rentraient chez eux avec leurs parents, et puis ils allaient dormir en concoctant une revanche.

 Maintenant, seuls les enfants épargnés par le progrès, tant les malheureux atteints souffrent de leur innocente jeunesse / consumérisme parental / suivisme débile / ennui profond (rayer une éventuelle mention inutile) en faisant la guerre avec les doigts et le cul au fond d’un canapé, se battent, mais pour de vrai, avec des vraies armes et des vraies balles qui tuent leurs copains un peu plus longtemps que dix secondes dans la tête et même qu’ils continuent quand leurs parents sont morts et quand le soleil s'est couché !

Maintenant, le progrès rend esclave du système scolaire élève n’importe quel enfant, puis le condamne à ne jamais connaître les beaux jours de la jeunesse en les remplaçant par des beuveries d’anniversaire, des bouchons sur la Nationale 7 et, autour d’une Despé piquée à papa, des parties de Call of Duty en LAN.


 C’est dire si les rares enfants-soldats encore en vie s’explosent s’éclatent en attendant que la paix se signe toute seule !

Inmedio

Mercredi 29 juin 2011 à 15:33

Post-it !

 Sans en faire de trop : voici mon blog, et voilà le premier article !

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