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La Vérité est au Milieu. Mais pas trop.

Mardi 13 septembre 2011 à 11:39

Petites histoires

Ce matin-là, Je me suis réveillée avec une drôle d'impression : tout était calme dans l'immeuble.

D'habitude, on entend toujours les voisins tellement les murs c'est que du carton-plume ! En me levant, j'aurais du logiquement subir les engueulades de la mère du beau Samuel-qui-voulait-pas-faire-médecine qui lui répétait "Ti siras un siper midicin mon fiss !" avec un accent Yiddish.
J'aurais du entendre chanter la voisine du dessus : même si elle écoute des chansons médiocres, elle a une voix magnifique, et pour rien au monde je ne l'ai loupée depuis mon emménagement. J'aurais du aussi entendre la salope de concierge se faire sauter par le facteur au rez-de-chaussée, toujours à la même heure, toujours le même temps, toujours les mêmes cris : mon réveil-matin après l'heure, quoi. Et puis le chien de l'appart' d'en face aurait fait entendre qu'il voulait son petit dej', bordel !


Mais là non, rien de rien. Il sont quand même pas tous partis à Paris pour le défilé, quand même !


J'ai mis du temps à sortir de mon lit, à trouver ma nuisette négligemment jetée dans la nuit (tellement j'étouffais de chaud), et à sortir enfin de ma chambrette. Direction la deuxième pièce de mon deux-pièces : la cuisine. J'ai pas faim de toute façon, j'ai jamais faim le matin. Mais je me force pour la santé. Allez hop, une tartine de jus d'orange, et un bon verre de margarine ! La brosse à dents m'attend à son emplacement habituel pour le va-et-vient habituel. La radio fonctionne toujours pas, je sais pas ce qu'il a ce bouton, mais depuis que je l'ai enfoncé, il veut plus ressortir...

Ayant fait un chemin certain dans ma tête, la pensée que j'étais désormais seule au monde, unique survivante d'un cataclysme, était devenue tout à fait acceptable, et même géniale : je me suis mise à hurler, à sortir le plus grand cri possible de mes poumons, pour le fun. J'ai même recommencé trois fois, ça me faisait du bien ! Et puis, bon, on s'en fout de la nuisette ! Il fait chaud ici en juillet. Si je suis seule au monde, aucun pervers pour me mater à la fenêtre !

Je suis quand même allée regarder à la fenêtre. On sait jamais.



Aucune voiture dans la rue. Je ne voyais personne non plus, le désert total. Et l'immeuble d'en face semblait vide. En ouvrant, j'ai constaté que la rue était non seulement déserte mais aussi horriblement silencieuse. J'en avais des frissons d'effroi. Normalement c'était toujours animé, même le lundi matin, y'avait vraiment un truc qui clochait, aujourd'hui.

Bon, tant mieux, je suis seule au monde : à bas la nuisette ! C'était une vraie libération de se balader en culotte dans mon deux-pièces-sauna, c'était comme faire la folle à une vieille soirée pyjama de collégienne, ça m'émoustillait !


Toute contente, j'ai mis un coup de peigne dans mes cheveux (par pur réflexe en fait) et puis je suis sortie sur le palier. J'ai dégringolé les escaliers pieds nus.

J'en rêvais ! C'était comme LE jour où mes rêves se réalisaient : être seule au monde, me balader toute nue sans avoir peur du regard des gens, magique, quoi ! Alors voilà, j'ouvre la porte de l'immeuble et là je vois tout le monde crier : "Joyeux anniversaire surprise, Sophiiie !"

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Lundi 12 septembre 2011 à 8:33

Petites histoires

 Il était une fois un lampadaire que nous oublierons (malheureusement pour lui) à la fin du paragraphe. Il était néanmoins toujours une fois ce lampadaire qui, au milieu d'un petite rue sombre, éclairait le bitume et les chapeaux des rares passants d'une lueur assurée mais pâle et jaunâtre.


Ce n'était pas une rue très fréquentée, mais ce soir, tout un cortège s'y engouffrait en chantant des chansons paillardes à tue-tête. Un agent de police qui passait par là leur dit qu'il devraient fermer leurs gueules s'ils voulaient pas se faire arrêter et, comme ils la fermaient pas vraiment, hé ben ils les arrêta.

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Lundi 12 septembre 2011 à 8:26

Petites histoires

 Dominique était jeune, mais frêle, quoiqu'en forme aujourd'hui en se levant. Après son petit déjeuner, Dominique alla au lycée pour retrouver ses amis. N'attendant que la venue de sa chère et tendre moitié, Dominique posa fièrement son petit cul sur un banc en fer forgé et regarda le grand platane dans la cour. Il était si beau, ce platane !


- "Si c'était pas un foutu platane, je sortirais avec !" se disait Dominique.


Après un petit moment d'attente, Jordan, son petit copain, arriva. Ils s'embrassèrent, se donnèrent la main et partirent vers un autre banc plus confortable.

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Vendredi 9 septembre 2011 à 12:11

Petites histoires

 J'inaugure aujourd'hui une nouvelle
catégorie d'article : les Petites histoires.
Pour faire simple, ce sont des
apologues à but non lucratifs
basés sur l'inspiration rapide
et la célérité d'une intuition à vif.
Cependant, je n'en écrirai jamais
directement la morale afin de vous
laisser cogiter à souhaits
sur cette petite prose.

Bonne lecture !

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On m'a un jour raconté l'histoire d'un homme habité de toutes les qualités, mais qu'un mal mystérieux et incurable rongeait. Il aimait tout et tous l'aimaient. Ce qu'il préférait néanmoins c'était fumer un de ses gros cigares odorants en lisant d'énormes volumes "pour faire savant", disait-dit.


On m'a dit que c'est il y a quelques jours, dans un de ces soirs où l'on ne sait pas très bien s'il fait frais ou s'il fait froid, qu'il nous a quittés. Sa femme avait toujours souhaité et souvent insisté qu'un médecin s'occupât de lui, mais il refusait, disant que ce mal incurable, c'était la Vie elle-même... 


Il nous a quittés, seul, dans le meilleur fauteuil en cuir de sa grande bibliothèque, un cigare à peine terminé, une oeuvre de Sartre, un philosophe français, à peine commencée...


Le titre ?


La Nausée.

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